les porte-douleurs n’ont pas de parapluie
pas de para
pas de paradis
les porte-douleurs n’ont pas d’âme pour fleurir
n’ont pas de larmes pour faillir
pas de drames pour s’évanouir
les portes-douleurs ne vieillissent pas
ne naissent pas
n’haïssent pas
personne n’aime les porte-douleurs
ni les porte-étendards
ni les porte-plumes
les porte-douleurs n’ont pas de parapluie
pas de para
pas de paradis
les ciels des porte-douleurs ne portent pas de pluie
les terres des porte-douleurs ne portent pas de radis
les porte-douleurs ne sont jamais rassasiés
leurs vies sont des ramassis
de ratas
de ratatouille rassis
les porte-douleurs parlent bas
et ils ne barlent pas
les porte-douleurs ne croient pas en Dieu
la lumière leur broie les yeux
ils ne sont jamais vieux
les porte-douleurs sont des mort-nés
toujours la morve au nez
les prunelles crevées
la langue enflée
les doigts croisés
les bras cassés
les porte-douleurs sont des proies faciles
ils ont le poids gracile
ils n’ont pas froid aux cils
ils ont le gras fragile
l’âme au grésil
le cœur en fraisil
et toujours à l’heure pile
meurent-ils
de heurts tranquilles.
Les porte-douleurs
Par Flôrilène Cloutier-Loupret — Amalgames. Les auteurs écrivent au bâton de colle
Amalgames. Les auteurs écrivent au bâton de colle
Revue Chameaux — n° 0 — printemps 2009