Colloque Femmes de lettres 2021 – « Et cela me regarde » : l’engagement de l’écriture de Marguerite Duras dans « Sublime, forcément sublime Christine V. »

Par Eugénie Matthey-Jonais — Mémoire, mémoires et réminiscence

Loin de la prudence et de la distanciation, c’est plutôt la virulence de l’engagement au féminin que l’on associe, avec raison, à Duras. Son article journalistique de 1985 « Sublime, forcément sublime Christine V. » est l’un des meilleurs exemples de l’engagement par l’écriture de Duras, virulent, trouble et porteur de nombreux paradoxes et transgressions. La présente analyse brossera un portrait plus général de l’engagement de Duras et propose une mise en contexte de la parution de l’article. Je me propose ensuite de réfléchir à quelle forme prend l’engagement de Duras dans ce texte et comment permet-il de lire sur quoi l’auteure se fonde pour ainsi prendre la parole dans l’espace public.

Portrait sommaire de l’engagement de Duras

Marguerite Duras est une intellectuelle qui s’engage activement tout au long de sa carrière. Son implication personnelle dans la Résistance lors de la Seconde Guerre mondiale, suivie de son appartenance au Parti communiste français (PCF), se déroulent en parallèle à la tenue de séances du Groupe de la Rue Saint-Benoît, réunissant des intellectuel.le.s tels que Bataille, Blanchot et Genet. Après sa rupture fracassante avec le PCF, en 1950[1], elle continue à militer pour diverses causes, s’impliquant notamment en faveur de la libération du peuple algérien[2]. Elle est aussi signataire du Manifeste des 343 femmes réclamant l’avortement libre, dans l’une des rares occurrences d’un militantisme féministe revendiqué ; elle reste par ailleurs indépendante des mouvements féministes organisés, bien qu’elle fréquente plusieurs femmes s’en réclamant, notamment Michelle Porte et Xavière Gauthier[3], et qu’elle participe à certaines revues, comme Sorcières. L’engagement politique de Duras est résolument inscrit à gauche ; elle participe en 1958 à la fondation de la revue militante anti-gaulliste Le 14 juillet[4]. Tout au long des années 1980, elle s’élève contre Chirac et contre Le Pen de façon plus virulente encore.

Cependant, son action est trop violente, destructrice, pour participer d’un mouvement, comme le souligne Dominique Denès, spécialiste des aspects politiques de l’écriture de Duras. Elle avance que ce qui est perçu comme une violence excessive de l’écriture éloigne l’auteure d’un engagement partisan ou bien défini, voire nuit à son inclusion dans des mouvements plus larges portés par d’autres intellectuel.le.s français.e.s de son époque :

La violence intrinsèque, avouée et attestée, de Marguerite Duras, incompatible avec la discipline de parti et difficilement endiguée pendant la période d’adhésion au communisme, nourrit un certain esprit de gauchisme et de nihilisme qui ne répond pas de manière satisfaisante à une attitude de responsabilité et de rapport à l’avenir[5].

En effet, cet esprit de nihilisme que mentionne Denès est au cœur de l’engagement dans l’écriture de Duras, comme le remarque également Marie-Laure Rossi : « […] l’engagement défendu par Marguerite Duras s’inscrit dans le refus de tout corpus d’idées à faire valoir dans l’espace public[6]. » Dans son écriture, l’auteure s’engage parfois en traitant de sujets inscrivant une partie de son œuvre dans un rapport plus sartrien à l’engagement : des textes comme Un barrage contre le Pacifique (1950) témoignent d’un « anticolonialisme particulier[7] », se lisant davantage dans la représentation de « l’horreur de ce que l’écrivain nomme “le vampirisme colonial”[8] » et des oppressions subies que dans la critique directe de l’idéologie et des institutions colonialistes. Cependant, c’est dans ses articles écrits pour des journaux que Duras rejoint de façon plus manifeste un engagement par l’écriture. Elle écrit tout au long de sa carrière pour de nombreuses publications et sur de nombreux sujets, et plusieurs de ces articles sont regroupés dans les recueils Outside et Outside 2. La plupart d’entre eux ont une portée sociale : Duras y mobilise alors un ethos qui prolonge son engagement à travers ses différentes formes d’intervention dans l’espace public, à défaut de présenter un projet politique clair, comme le souligne Marie-Laure Rossi, qui insiste sur la « sensibilité de Duras à des réalités qui font moins facilement l’objet d’une analyse théorique, mais qui correspondent toutes au désir de dénoncer le caractère intolérable de toute injustice[9] ». C’est précisément ce que l’on peut lire dans l’avant-propos d’Outside qui contient ce que l’on pourrait lire comme un manifeste de l’engagement par l’écriture journalistique de Duras :

Les raisons encore pourquoi j’ai écrit, j’écris dans les journaux relèvent aussi du même mouvement irrésistible qui m’a portée vers la résistance française ou algérienne, anti-gouvernementale ou anti-militariste, anti-électorale etc., et aussi qui m’a portée, comme vous, comme tous vers la tentation de dénoncer l’intolérable d’une injustice de quelque ordre qu’elle soit, subie par un peuple tout entier ou par un seul individu, et qui m’a portée aussi encore vers l’amour quand il devient fou, quand il quitte la prudence et qu’il se perd là où il trouve, vers le crime, le déshonneur, l’indignité et quand l’imbécillité judiciaire et la société se permettent de juger — de ça, de la nature, comme ils jugeraient l’orage, le feu[10].

On peut lire dans cet extrait la lente gradation de l’engagement de Duras envers des causes que l’on pourrait considérer comme déraisonnables. Si la défense des Algérien.ne.s de Paris correspond à une prise de position couramment adoptée par beaucoup d’intellectuel.le.s français.e.s de son époque, la défense de « l’amour quand il devient fou, quand il quitte la prudence et qu’il se perd là où il trouve, vers le crime, le déshonneur » s’éloigne à coup sûr de la feuille de route de l’intellectuel engagé sartrien, qui préfère plutôt une « affirmation positive des choix et des valeurs[11] ». En défendant « l’orage, le feu » que la société et le judiciaire jugent, l’écriture de Duras quitte le logos, qui est pour elle le « jeu des hommes[12] ». Comme le résume Elise Hugueny-Léger, « ses prises de position, sa manière de s’affirmer surtout, vont à l’encontre de la posture intellectuelle traditionnelle, celle du raisonnement[13]. » Un engagement simplement politique ne convient pas, ou n’est ni suffisant ni approprié pour Duras à un point aussi avancé de sa vie et de sa carrière : c’est par l’écriture qu’elle répond à la question de la responsabilité de l’écrivain.e. De plus, son écriture dans les journaux et ses nombreuses apparitions dans les médias au fil des années élargissent son public, peut-être attiré par les sorties souvent fracassantes de l’écrivaine. Il ne faut sans doute pas négliger la conscience qu’a Duras de la diffusion de masse accrue que peuvent lui accorder ses prises de position polémiques :

Ainsi se dessinerait une spécificité de l’engagement littéraire à partir des années 1980 qui, pour répondre aux besoins du spectacle médiatique, nécessiterait de relever du scandale et de la polémique afin de se distinguer de la parole plus mesurée de « l’intellectuel spécifique » […]. Dans ce contexte, un auteur comme Marguerite Duras, relativement confiant dans sa capacité à maîtriser le processus médiatique pouvait certainement se croire capable de faire partager à ses concitoyens une certaine idée du vivre ensemble[14].

Si, dans le cas de « Sublime, forcément sublime Christine V. », l’auteure n’a peut-être pas autant maîtrisé « le processus médiatique » et n’a certainement pas réussi à généraliser « une certaine idée du vivre ensemble », il reste que cet article est emblématique de la particularité de l’engagement littéraire de Duras souligné ici par Rossi.

Autour de la parution de l’article

Le texte paraît le 17 juillet 1985 dans le journal Libération. Serge July, le directeur du journal, envoie Duras à Lépanges, en Vologne, pour tenter de compléter la couverture de « l’affaire du petit Grégory », une saga judiciaire dont les remous continuent, jusqu’à aujourd’hui, d’apparaître dans la presse française. Duras est alors absorbée par cette affaire, et estime que les comptes rendus fournis par les journaux ne suffisent pas : pour comprendre les faits, il lui faudrait un récit[15].

Les faits sont les suivants : un petit garçon de quatre ans, Grégory Villemin, est retrouvé noyé dans une rivière sur fond de jalousies familiales. Un corbeau tourmente le couple Villemin par des lettres et des appels téléphoniques, un cousin de la famille est arrêté et rapidement libéré, avant d’être abattu par Jean-Marie Villemin, le père de l’enfant, qui se retrouve à son tour en prison pour meurtre. Au moment où Duras écrit sur l’affaire, les rebondissements de l’enquête, des procès et des apparentes erreurs judiciaires se succèdent dans la presse française depuis 273 jours, et c’est au tour de la mère de l’enfant, Christine Villemin, d’être accusée alors que le juge l’inculpe en raison de correspondances entre son écriture et les analyses graphologiques des lettres du corbeau. Duras se rend à Lépanges pour rencontrer Jean-Michel Lambert, le juge d’instruction de l’affaire, mais aussi Christine Villemin, qui, elle, refuse la rencontre. Après de nombreuses hésitations, Duras rédige un article non intitulé[16] dans lequel elle explique le meurtre de l’enfant par sa mère, alors que celle-ci est pourtant présumée innocente. Elle tente d’apporter des réponses en évoquant le sentiment d’emprisonnement d’une femme soumise à ce qu’elle appelle la « loi de l’homme » : « Comment se retrouver enfin ailleurs pour toujours, même le temps d’une saison, loin du harcèlement quotidien le plus affreux, celui du sens de tout cela[17]. » L’auteure décrit Christine V. comme une femme malheureuse en ménage, une mère détachée de son enfant, et qui ne peut briser cette aliénation qu’en tuant son enfant et en poussant son mari au meurtre. L’écriture devient alors « un moyen d’investigation du “réel” obscurci par des fictions artificielles, […] entendons : de faux discours qui le recouvrent et qu’il faut, en quelque sorte, détruire[18]. »

« Sublime, forcément sublime Christine V. », un texte engagé

Avec cet article, Duras s’inscrit dans une longue lignée d’intellectuel.le.s français.e.s intervenant dans l’espace public afin de s’élever contre des injustices – pensons par exemple à Voltaire, ou à Zola. La confrontation entre le journalisme, le judiciaire et le littéraire se cristallise à plusieurs moments de l’Histoire française autour d’affaires mobilisant l’opinion publique, comme l’affaire Calas ou l’affaire Dreyfus. Dans ces affaires, le littéraire fait se matérialiser ce qui couve dans le discours social, pour le dénoncer ou l’affirmer d’une manière éclatante. Cependant, Duras rejoue cette scène bien connue sur un mode discordant[19] : elle défend l’injustice à travers des accusations effectives, ne s’appuie pas sur des faits soigneusement contextualisés (pensons à « J’accuse » de Zola), elle fait de plus appel à un féminisme singulier dans lequel peu de Françaises se reconnaissent. Le contexte plutôt domestique de l’affaire, ne faisant pas résonner les valeurs de la nation, encourage les critiques à dénoncer une auteure qui se mêle des affaires d’autrui.

À travers l’ethos discursif construit dans le texte et la conduite de l’auteure avant et après sa parution, cet article produit une posture[20] de l’auteure comme détentrice de la vérité au mépris des discours policiers, judiciaires et journalistiques. L’auteure installe la légitimité de ses propos en affirmant que « dès qu’[elle] voi[t] la maison, [elle] crie que le crime a existé » (S, p. 43), et relate ses hésitations à écrire à son sujet, tiraillée entre sa certitude et le manque de preuves considérées raisonnables : « […] peut-être est-ce tout simplement trop tôt pour qu’elle s’inquiète vraiment de la disparition ? Peut-être. On ne saura jamais. » (S, p. 46) Duras met en scène une force impérieuse qui la pousse à écrire, au milieu de la nuit, ce qu’elle a vu : « L’enfant a dû être tué à l’intérieur de la maison. Ensuite il a dû être noyé. C’est ce que je vois. C’est au-delà de la raison. Je vois ce crime sans juger de cette justice qui s’exerce à son propos » (S, p. 44). L’auteure admet la déraison apparente de son argumentation, mais la confronte aux arguments soi-disant raisonnables des discours policiers et journalistiques. Le texte relève des indices et tente de faire adhérer le lecteur au scénario qu’il reconstruit à partir de ceux-ci :

Toutes ces circonstances, ces erreurs, ces imprudences, cette priorité qu’elle fait de son malheur sur celui de la perte de son enfant – et autre chose comme ce regard toujours pris de court – me porterait à croire que l’enfant n’aurait pas été le plus important dans la vie de Christine V. (S, p. 48)

En s’écartant des réelles procédures judiciaires, le texte prétend à une vérité autre, une vérité universelle d’un féminin et d’une conjugalité régie par des règles millénaires. Cette vérité est alors produite par les liens que peut tracer la fiction littéraire : Duras effectue de nombreux emprunts formels à son écriture de fiction ; le « V. » de « Christine V. », le seul nom abrégé du texte, rapproche Christine Villemin d’héroïnes de Duras tout aussi absentes et « inexpressiv[es] » (S, p. 43), notamment Lol V. Stein. Avec l’usage du conditionnel et des formulations maintenant l’incertitude (« l’enfant a dû être tué à l’intérieur de la maison » (S, p. 44), « [o]n l’a tué ici, sans doute […] » (S, p. 45), « [i]l se pourrait que […] » (S, p. 49), « […] il me semble […] » (S, p. 53)), le texte fait cohabiter marqueurs de fiction et marqueurs de réel, ce qui se révélera d’ailleurs très problématique pour les lecteurs. Les modes de connaissance valides ne sont pas ceux de la raison ; la vérité s’acquiert plutôt par la vision, l’auteure revendiquant alors une voyance de l’écriture[21]. Comme le remarque Anne Cousseau, « [l]a pensée durassienne se formule sur le mode de l’évidence, sans chercher à se justifier par des enchaînements logiques. Le discours est catégorique, il s’agit avant tout d’énoncer des idées, des faits ou des jugements, sans que Duras éprouve le besoin de les développer outre mesure[22]. » La connaissance intime de la souffrance des femmes opprimées par une conjugalité et une vie de famille qu’elles ne désirent pas peut se lire dans les détails inventés de la vie de Christine V., donnés comme indices probants alors qu’ils sont induits par Duras. L’écrivaine invente que « la naissance d’une mère par la venue de l’enfant a été [ratée] par les paires de gifles de l’homme pour les biftecks mal cuits » (S, p. 48), imagine « qu’[elle] ne voulai[t] pas de cet enfant » (S, p. 48).

Le texte porte aussi la critique du traitement journalistique et médiatique du crime. Sur le terrain, l’auteure attribue certaines traces matérielles à une mise en scène : « La pelle [d’enfant] qu’on a plantée dans le tas de gravier, je la vois comme un mensonge ou une erreur. Pour faire croire seulement. Un journaliste, un photographe ou un criminel. » (S, p. 44-45) Les chercheuses Mylène Bédard et Katheryn Tremblay lisent de la sorte ce passage précis : « Cette énumération présente ainsi les journalistes et leurs acolytes, les photographes, comme des gens desservant la recherche de la vérité ; ils sont pareils en cela au criminel[23]. » Les reporters sont dénoncés, complices d’un système s’érigeant contre Christine V. ; ils basent leur discours sur des éléments pouvant être fabriqués, contrairement à Duras qui présente sa vision des choses comme authentique, sa légitimité s’appuyant sur la sincérité de sa conviction et sur la faculté de voyance[24] dont la dote l’écriture : « L’information publique est devenue un lieu de mensonge, où se trouve annihilée toute possibilité d’une parole véritable[25]. » Le réel est trompeur, manipulé, et n’offre donc pas d’indices sur lesquels fonder sa réflexion. La justice n’est guère tenue en plus haute estime dans le texte, et est décrite comme incapable de saisir le fond du crime et de voir au travers des faits rapportés le « vrai » drame qui s’est joué lors de la mort de Grégory Villemin, mais aussi de son oncle, soupçonné de l’assassinat et abattu par le père de l’enfant : « Tout se passe comme si ce n’était pas à la justice d’attribuer les rôles dans cette affaire, y compris de l’assassin. » (S, p. 55). Ni le « rapport de synthèse de la police », ni « les résultats des analyses graphologiques » (S, p. 56) ne contribuent à un quelconque éclaircissement de l’affaire. Pire encore aux yeux de Duras, la sentence rendue par la justice clôt artificiellement l’affaire, et occulte ce qu’elle s’engage à mettre au jour en écrivant « Sublime, forcément sublime Christine V. » :

Le temps est différent tout à coup. La justice paraît insuffisante, lointaine, inutile même, elle devient superfétatoire du moment qu’elle est rendue. Pourquoi la rendre ? Elle cache. Plus que le secret, elle cache. Elle cache l’horizon du crime et, disons le mot, son esprit. Le mouvement de l’intelligence défait l’ordre judiciaire. Elle est contre la séparation de cette criminelle d’avec les autres femmes. Ce qui aurait fait criminelle Christine V. c’est un secret de toutes les femmes, commun. Je parle du crime commis sur l’enfant, désormais accompli, mais aussi je parle du crime opéré sur elle, la mère. Et cela me regarde. (S, p. 58)

Le discours judiciaire, construit, normé, et plaqué maladroitement sur la réalité millénaire que Duras dénonce, est « défait » par le « mouvement de l’intelligence » que porte l’écriture littéraire. Ni le journalisme, ni l’institution judiciaire ne sont donc capables de cette « intelligence » du crime, et seule l’écriture, seule la voyance de l’auteure permettent de tenir un discours sur l’affaire sans la cacher, sans masquer le cœur du crime. En écrivant « Et cela me regarde », Duras justifie son intervention dans cette affaire en se désignant comme seule habile à « parler » de ce réel qui lui rend son regard, qui l’enjoint à faire passer par le prisme de son écriture littéraire ce que nul autre discours n’a saisi.

Cette façon de porter un discours littéraire engagé par le biais d’un fait divers, d’un événement, est très courante dans les textes de Duras (L’Amante anglaise, la plupart des textes d’Outside), et « Sublime, forcément sublime Christine V. » en est la manifestation la plus violente, retentissante et entendue :

L’événementiel est absorbé par un discours de l’être et de l’idée. Ce mouvement d’intellectualisation et d’universalisation de l’anecdote est d’ailleurs ce qui a pu provoquer des contresens de lecture, et par suite des réactions d’indignation. Car ce qui intéresse Duras est moins de démontrer la culpabilité de Christine V. que de chercher à fonder par cette culpabilité un discours idéologique qui lui tient à cœur […][26].

Le texte manifeste ainsi un ethos engagé à sa façon : pour Duras, la prise en charge du crime de Christine V. et de la douleur de toutes les femmes prisonnières d’« une existence tout à fait artificielle » (S, p. 48-49) est intimement liée à la pratique littéraire, en plus de relever d’un engagement politique et humain. Cette appropriation n’est possible que par le littéraire, par la création, qui gagne ici un sens transcendant et révélateur. Le texte littéraire est donc pour Duras à la fois un moyen de porter une vérité qu’elle veut dénoncer pour défendre des femmes opprimées (dont, selon elle, Christine Villemin) en démontrant leur malheur et les crimes qu’il pourrait les pousser à commettre, mais aussi un moyen de subvertir, de déconstruire les discours normés tels que les discours journalistiques, judiciaires et policiers. Ce faisant, elle fait apparaître leur propre nature construite et arbitraire, prétendant s’appuyer sur des faits et la logique, mais perpétuant par leur structure l’oppression des minorités que l’auteure défend.

Le scandale du mélange des discours

L’irruption de la littérature dans la sphère publique par le biais d’un grand quotidien français crée précisément le mélange, la « porosité » entre fait et fiction qui redonne toute sa force au récit littéraire :

Ce qui fait scandale, et la marque de son [celle de Duras] impudeur, se manifesteraient dans l’irrespect à l’égard des conventions qui circonscrivent les genres journalistique, artistique, littéraire, critique, politique. […] Cet irrespect n’est pas de la confusion, il répond à une nécessité très forte. Indistinction de la fiction et du réel, qui réhabilite si on le veut le mythos grec : la parole, le récit, le discours où sans doute dans des temps antiques, l’information devait être indistincte du récit en tant que tel. Finalement on pourrait dire que Duras remet sur son socle le discours informatif : au-delà de la confusion entre fiction et réalité, l’information est d’abord un récit qui affirme le médiateur contrairement à son déni dans les mass media […][27].

Car c’est bien de cela qu’il s’agit ici : un discours informatif, qui dénonce, qui explique une situation, mais aussi un discours qui « affirme son médiateur » ; l’énonciation est bien celle de Duras, tout comme l’intime conviction de la culpabilité de Christine V. Cette affirmation se lit dans le texte (« Je parle du crime […] », [S, p. 58]), mais est aussi accentuée par l’équipe de Libération, comme expliqué plus haut (mise en évidence du nom de Duras, texte de contextualisation appuyant le caractère littéraire et personnel du texte). La mise en avant de la « médiatrice » de sa propre parole qu’est Duras est partie intégrante de son engagement, car elle assoit sa légitimité dans la sphère publique sur sa posture d’auteure[28] préexistante et sa « figure d’intellectuel critique[29] ». Elle utilise la notoriété accordée à sa plume pour faire de son écriture un geste politique contribuant à l’ensemble de son univers poétique et des causes pour lesquelles il s’élève :

L’engagement passionnel de Marguerite Duras s’exprime donc selon des procédés assez courants pour la rhétorique de combat, qui surprennent surtout par rapport à une certaine mesure du propos attendue, à cette époque, dans le journalisme. […] L’originalité de Marguerite Duras ne se joue pas tant dans les procédés employés que dans la manifestation d’une subjectivité très affirmée, fondatrice d’une véritable « parole », susceptible d’agir contre l’indifférence ou la résignation politique transmise selon les règles de neutralité propres à l’information diffusée en masse.[30]

La rhétorique de combat, que Marie-Laure Rossi remarque ici dans la plupart des textes de Duras, et en particulier dans ses textes journalistiques, se retrouve bien dans « Sublime, forcément sublime Christine V. » : « Quand la loi du couple est faite par l’homme, elle englobe toujours une sexualité obligée par l’homme de la part de la femme. Regardez bien autour de vous […] » (S, p. 49). Poursuivant sa visée universalisante, elle enjoint ses lecteur.ice.s à chercher les traces du crime dans leur entourage, à prendre conscience que les femmes autour d’eux, tout aussi opprimées que « sa » Christine V., pourraient donner lieu au même crime, pour les mêmes raisons, et être tout aussi innocentes. Son écriture littéraire porte un autre discours sur l’affaire que ceux des médias de masse, faussement neutres[31], et engage sa propre parole pour s’élever contre la « résignation politique ».

L’écriture littéraire comme seul lieu pouvant accueillir l’engagement de Duras

L’écriture littéraire et sa teneur esthétique sont donc les seules à pouvoir prendre en charge les paradoxes engendrés par la cohabitation des discours littéraires et ceux qui sont beaucoup plus normés, même si dans ce cas précis, cela ne s’est pas fait sans heurts. La tension entre les discours et les savoirs créée par le texte est donc le mécanisme par lequel Duras réalise son engagement politique dans le littéraire :

L’implication caractérise Marguerite Duras et s’inscrit fortement dans toute son œuvre. […] Elle s’abandonne à une posture intuitive et divinatoire : je vois, je sais. […] C’est par la possession de l’écriture — au sens quasi magique du terme — que Marguerite Duras réalise son humanité et c’est par l’engagement dans l’écriture qu’elle accomplit son engagement-conduite.[32]

Par son écriture, elle fait apparaître ce qu’elle voit : son texte devient « camera obscura, dans lequel le monde extérieur se trouve révélé par le regard de l’écrivain[33] ». Ce « monde extérieur », c’est celui de la faillite des discours journalistique, policier et judiciaire à dire la vérité du crime, à en faire sens. Ce n’est que par le littéraire, par une médiation esthétique, que Duras peut réaliser son engagement – en portant son propre discours sur la condition des femmes, mais aussi en attirant l’attention des lecteur.ice.s sur l’insuffisance des autres discours sur l’affaire Villemin. Cependant, même si Duras n’est pas la première à déclarer coupable Christine Villemin (la presse vilipende la famille depuis des mois), le texte est mal reçu : hommes, femmes, intellectuel.le.s et féministes y opposent des réactions outrées. Il est à noter que pour certain.e.s lecteur.ice.s de l’époque, le texte fonctionne : certain.e.s s’identifient à la figure de mère infanticide qui y est présentée, à la femme captive d’une vie conjugale qu’elle ne désire pas[34]. La tentative d’attirer l’attention sur la faillite des autres discours ne réussit pas tout à fait, mais l’on peut considérer que malgré tout, et malgré l’atteinte durable à la réputation de Duras que représente la réception de son texte, l’interpellation de ses concitoyens est une réussite. C’est pourquoi « Sublime, forcément sublime Christine V. » exemplifie l’engagement par l’écriture littéraire de Duras ; le texte outrepasse codes et attentes afin de proclamer une vérité que l’auteure veut à tout prix donner à voir à la société française. L’expérience esthétique que produit le texte tente de rendre évidente une autre vérité que celle mise de l’avant par les journaux, ou les tribunaux, une vérité que Duras sent et voit, et qui selon elle concerne « toutes les femmes » (S, p. 56). Seul le discours littéraire peut accueillir cette vérité dont la recherche ne nécessite ni preuve physique, ni circonstancielle. Duras subordonne la possibilité d’accuser à tort une innocente ayant perdu son enfant et de lui causer de la souffrance à la nécessité de mettre au jour les conditions d’existence de nombreuses femmes à qui la vie conjugale ne convient pas, la violence qui leur est faite, et la douleur mortifère qu’elles peuvent porter en elles. La particularité du discours littéraire à l’égard de la possibilité de porter une vérité différente de celle des autres discours est soulignée par Brancky :

Using “the truth” in novels and about them – moving between fact and fiction across media – has therefore become a direct political tool, a space to talk about the real that is not controlled by the same forces as contemporary audio-visual media. Even though Duras made some missteps in the way she brought literature into the public sphere and true crimes into her literary world, she recognized the power of exploring that porosity[35].

Tout en reconnaissant la possibilité d’erreurs malheureuses que pourrait occasionner l’amalgame entre faits et fiction, la chercheuse souligne comment cette pratique littéraire courante dans l’écriture de Duras est aussi pour elle un « outil politique direct[36] » lui permettant de dépasser les discours médiatiques traitant des mêmes sujets. Le texte représente donc non seulement l’action de Duras, mais aussi un certain appel à l’action, une provocation outrageante empêchant la passivité devant l’actualité et soulignant les implications politiques et sociologiques de ce qui apparaît aux yeux du public comme un simple fait divers. Par son appropriation esthétique du récit du crime, Duras le donne à voir sous un nouveau jour, sa version littéraire souveraine s’élevant au-dessus de ce qui la précède.

Eugénie Matthey-Jonais

Biobibliographie

Eugénie Matthey-Jonais est candidate au doctorat en littératures de langue française à l’Université de Montréal et à l’Université de Paris. Elle a déposé à l’été 2020 un mémoire de maîtrise s’intitulant Souverainetés du littéraire dans trois écrits de Marguerite Duras, dirigé par Catherine Mavrikakis et Marcello Vitali-Rosati. Ses recherches actuelles, dirigées par Catherine Mavrikakis et Dominique Rabaté, portent sur la responsabilité éthique liée à l’acte de lecture, entre autres dans le cycle Soifs de Marie-Claire Blais et dans l’œuvre de Laurent Mauvignier. Elle est rédactrice web pour la Revue Fémur et coordinatrice de la revue Sens public.

Bibliographie

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Pagès-Pindon, Joëlle, Marguerite Duras, Paris, Ellipses (Thèmes et études), 2001, 119 p.

Rossi, Marie-Laure, Écrire en régime médiatique: Marguerite Duras et Annie Ernaux : actrices et spectatrices de la communication de masse, Paris, L’Harmattan (Espaces littéraires), 2015, 336 p.

Saemmer, Alexandra, « “Je n’aime pas les dociles aveugles femmes” : Duras et l’affaire Villemin », dans Anne Cousseau et Dominique Denès [dir.], Marguerite Duras : Marges et transgressions, Nancy, Presses Universitaires de Nancy (Le texte et ses marges), 2006, p. 149‑158.

Vallier, Jean, C’était Marguerite Duras. Tome 2 : 1946-1996, Paris, Fayard, 2010, 966 p.

Vircondelet, Alain, Duras. Biographie, Paris, Éditions François Bourin, 1991, 455 p.

Notes

[1]Jean Vallier, C’était Marguerite Duras. Tome 2 : 1946-1996, Paris, Fayard, 2010, p. 106.

[2]Ibid., p. 238.

[3]Alain Vircondelet, Duras. Biographie, Paris, Éditions François Bourin, 1991, p. 334‑335.

[4]Jean Vallier, op. cit., p. 240.

[5]Dominique Denès, « La gageure politico-poétique de Marguerite Duras », dans Emmanuel Bouju [dir.], L’engagement littéraire, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2005, p. 166‑174.

[6]Marie-Laure Rossi, Écrire en régime médiatique : Marguerite Duras et Annie Ernaux : actrices et spectatrices de la communication de masse, Paris, L’Harmattan (Espaces littéraires), 2015, p. 246.

[7]Dominique Denès, Marguerite Duras: écriture et politique, Paris, L’Harmattan (Critiques littéraires), 2005, p. 69.

[8]Joëlle Pagès-Pindon, Marguerite Duras, Paris, Ellipses (Thèmes et études), 2001, p. 16.

[9]Marie-Laure Rossi, op. cit., p. 250.

[10]Marguerite Duras, Outside, Paris, Gallimard (Folio), 1996, p. 8.

[11]Benoît Denis, Littérature et engagement : de Pascal à Sartre, Paris, Éditions du Seuil (Points), 2000, p. 272.

[12]Alexandra Saemmer, « “Je n’aime pas les dociles aveugles femmes” : Duras et l’affaire Villemin », dans Anne Cousseau et Dominique Denès [dir.], dans Marguerite Duras : Marges et transgressions, Nancy, Presses Universitaires de Nancy (Le texte et ses marges), 2006, p. 154.

[13]Elise Hugueny-Léger, « Marguerite Duras ou les contradictions d’une intellectuelle aux prises avec l’espace public », dans French Cultural Studies, vol. xxii, no 4 (novembre 2011), p. 321‑331.

[14]Marie-Laure Rossi, op. cit., p. 251‑252.

[15]Laure Adler, Marguerite Duras, Paris, Gallimard (Folio), 2014, p. 807.

[16]Christine Marcandier, « Duras, “Sublime, forcément sublime Christine V.” », dans Diacritik, dossier Crimes écrits (juillet 2017), p. 7.

[17]Marguerite Duras, Sublime, forcément sublime Christine V., précédé de Duras aruspice, Montréal, Héliotrope, 2006, p. 50-51. À partir de cette note, les références à cette œuvre se feront dans le texte d’après le modèle suivant : (S, p. 50-51).

[18]David Amar, « La voix du gai désespoir », dans Bernard Alazet et Christiane Blot-Labarrère [dir.], Marguerite Duras, Paris, Éditions de L’Herne (Cahiers de L’Herne), no 86, 2005, p. 76.

[19]Une thèse portant sur ce sujet est en préparation par Feng Quing à Montpellier 3 depuis 2018 : « Marguerite Duras journaliste ».

[20]Jérôme Meizoz, « Ce que l’on fait dire au silence : posture, ethos, image d’auteur », dans Argumentation et Analyse du Discours, no 3 (octobre 2009),  [en ligne]. https://aad.revues.org/667 (Site consulté le 9 octobre 2017).

 

[21]Catherine Mavrikakis, « Duras Aruspice », dans Marguerite Duras, Sublime, forcément sublime Christine V., op. cit., p. 11‑40.

[22]Anne Cousseau, « Le discours de vérité », dans Claude Burgelin et Pierre De Gaulmyn [dir.], Lire Duras, Lyon, Presses Universitaires de Lyon (Lire), 2000, p. 546.

[23]Mylène Bédard et Katheryn Tremblay, « Le fait divers comme lieu d’engagement de l’écrivaine : les cas de Marguerite Duras et de Suzanne Jacob », dans Recherches & Travaux, no 92 (juin 2018),  [en ligne]. http://journals.openedition.org/recherchestravaux/962 (Site consulté le 11 avril 2019).

[24]Catherine Mavrikakis, op. cit., p. 31.

[25]Marie-Laure Rossi, op. cit., p. 234.

[26]Anne Cousseau, op. cit., p. 555.

[27]Alain Arnaud, « L’impudeur : Les interventions publiques de Marguerite Duras », dans Claude Burgelin et Pierre De Gaulmyn [dir.], Lire Duras, Lyon, Presses Universitaires de Lyon (Lire), 2000, p. 572‑573.

[28]Jérôme Meizoz, « “Postures” d’auteur et poétique », dans Vox Poetica (2004), [en ligne]. http://www.vox-poetica.org/t/articles/meizoz.html (Site consulté le 11 avril 2019).

[29]Marie-Laure Rossi, op. cit., p. 241.

[30]Ibid., p. 174.

[31]Alexandra Saemmer, op. cit.

[32]Dominique Denès, « La gageure politico-poétique de Marguerite Duras », op. cit.

[33]Anne Cousseau, op. cit., p. 551.

[34]Alexandra Saemmer, op. cit.

[35]Anne Brancky, The Crimes of Marguerite Duras. Literature and the Media in Twentieth-Century France, Cambridge, Cambridge University Press, 2020, p. 195‑196. « L’utilisation de “la vérité” dans les romans et à leur sujet — en passant de la réalité à la fiction dans les différents médias — est donc devenue un outil politique direct, un espace pour parler du réel qui n’est pas contrôlé par les mêmes forces que les médias audiovisuels contemporains. Même si Duras a fait quelques faux pas dans la manière dont elle a inséré la littérature dans la sphère publique et les vrais crimes dans son monde littéraire, elle a reconnu la force d’explorer la porosité entre les deux. » Je traduis.

[36] Traduction libre de la citation précédente.

Mémoire, mémoires et réminiscence

Revue Chameaux — n° 13 — hiver 2023

Dossier

  1. Présentation du numéro

  2. Comment Giorgio Vasari façonne-t-il le mythe et la mémoire des artistes de la Renaissance italienne au moyen d’outils rhétoriques picturaux et textuels ?

  3. L’histoire revisitée des tirailleurs sénégalais. La mémoire franco-africaine de la Grande Guerre dans le roman français contemporain : le cas de L’Indigène de Jean-Denis Clabaut

  4. Le monument de l’écriture dans l’œuvre d’Alain Nadaud

  5. Quand les mémoires s’opposent : l’influence de la langue sur les réceptions de Nègres blancs d’Amérique de Pierre Vallières

  6. Mythisation littéraire du génocide rwandais et construction d’un imaginaire de résilience

  7. Quand l’être devient mystère de l’oubli dans les récits de Beckett

Hors-dossier

  1. Sur la soi-disant neutralité de la technique

  2. Colloque Femmes de lettres 2021 – Virginia Woolf : pour un engagement féministe indirect

  3. Colloque Femmes de lettres 2021 – « Et cela me regarde » : l’engagement de l’écriture de Marguerite Duras dans « Sublime, forcément sublime Christine V. »

  4. Colloque Femmes de lettres 2021 – Les légitimités de l’engagement chez Annie Ernaux, des entretiens à Monsieur le Président

  5. Colloque Femmes de lettres 2021 – « Hypersext » : Hypertexte, cyborgs, et poésie postpornographique

  6. Colloque Femmes de lettres 2021 – « The Most Irresponsible And Dangerous Movie Of The Year» : étude de la réception du film Detroit et du cinéma politique de Kathryn Bigelow