La recrudescence du terrorisme dit islamiste a fait émerger une littérature riche et diversifiée sur le phénomène, notamment parmi de nombreux écrivains de la littérature maghrébine d’expression française. Ceux-ci ont exploré ce thème avec leur double identité, linguistique et culturelle (arabo-musulmane notamment).
Dans cet article, il sera question de la représentation du terrorisme à motivation religieuse, de terreur sacrée, de terreur propagée au nom de Dieu, au nom d’une certaine vision de l’islam, en l’occurrence, comme elle transparaît dans le roman de Fouad Laroui, Ce vain combat que tu livres au monde[1].
Dix ans plus tôt, l’auteur marocain avait rédigé un essai intitulé De l’islamisme. Une réfutation personnelle du totalitarisme religieux[2] ; un ouvrage où il tire la sonnette d’alarme sur un danger de plus en plus grand ; un danger qui frappe partout dans le monde, y compris chez les musulmans, qui sont les premières victimes de ce totalitarisme religieux. Dans cet essai, Laroui s’efforce de réfuter les thèses islamistes et tente de « déconstruire le discours islamiste qui présente l’islam non comme une foi, mais comme une religion. Et quelle religion ! Totalitaire, agressive, hostile à tout ce qui est le sel de l’existence ; ennemie de la pensée, ennemie de la joie, ennemie de la curiosité ».[3] Dans un roman ultérieur appelé L’insoumise de la Porte de Flandre[4], l’écrivain aborde une nouvelle fois cette thématique en racontant un crime passionnel considéré immédiatement par les journalistes comme un attentat terroriste, sous prétexte que son commanditaire aurait crié « Allahou Akbar », une fois son crime accompli. C’est dire comme la problématique du terrorisme tient à cœur à Laroui. En fait, plusieurs de ses ouvrages font des références à la montée de l’intégrisme religieux avec des personnages représentatifs de cette mouvance.
Dans son roman, qui fera l’objet de notre analyse, Laroui propose une lecture romanesque visant à déchiffrer et à comprendre le monde contemporain marqué par le sceau de la menace terroriste. Or, selon lui, pour mieux décrypter le temps présent, il faut nécessairement se référer à l’Histoire du XXe siècle. Cette Histoire est composée de deux récits : le premier est occidental, le second est oriental ou arabe. Le premier domine le second, créant ainsi un déchirement chez les individus situés entre ces deux mondes. Ce tiraillement mène à la violence qui, selon l’écrivain, est, en grande partie, la conséquence des événements du passé.[5]
Le roman est, de ce fait, caractérisé par le traitement de l’Histoire Orient/Occident, laquelle est, selon Laroui, dans une large mesure, à l’origine du fondamentalisme islamiste. Le fondamentalisme qui intéresse tout particulièrement l’auteur est celui qui sévit dans les milieux de jeunes Français d’origine maghrébine, conséquence de leur sentiment d’exclusion sociale. L’auteur revient donc vers l’Histoire dont l’importance est primordiale pour tenter de comprendre et de remédier, au moyen de la littérature et de la culture, au phénomène de la radicalisation de jeunes qui, paradoxalement, ne viennent pas du monde arabe, mais sont issus des sociétés européennes et dirigent leur courroux contre un Occident auquel ils ne s’identifient pas.
Laroui, dans Ce vain combat que tu livres au monde, cherche à faire comprendre au lecteur les mécanismes qui ont conduit Ali, le personnage principal, à se radicaliser : « […] c’est […] ça ce que je cherche : le sens […] Qu’est-ce qui conduit un être humain à se faire exploser, c’est-à-dire à se suicider ? »[6]. Aussi, allons-nous nous demander, à la suite de l’auteur : quelle est l’influence de l’Histoire dans la configuration de l’individu arabe postcolonial ? Et quelles sont les solutions narratives proposées dans l’œuvre pour lutter contre cette barbarie qu’est le terrorisme ?
Toutefois, pour mieux comprendre le récit duquel émergent ces représentations de problématiques sociales et culturelles, un bref résumé de la trame narrative s’impose. Le roman raconte comment un informaticien franco-marocain voué à une brillante carrière, qui vit en couple de manière totalement occidentale, va devenir un extrémiste religieux.
La critique du roman : le traitement eurocentriste de l’Histoire
Dans sa structure, le roman de Laroui alterne entre la relation d’événements qui constituent l’intrigue du roman et celle d’événements historiques du passé, lesquels seraient à l’origine des maux que vit l’individu d’origine arabe, particulièrement celui vivant en Occident : « C’est la genèse de nos malheurs. L’Histoire… »[7] Car les Arabes sont prisonniers d’un legs historique qui les dépasse. Le roman raconte, en alternance, à la fois l’histoire d’un individu et celle du monde, comme pour illustrer que « [c]e que l’histoire veut expliquer et comprendre en dernier ressort, ce sont les hommes »[8]. Mais, on y lit principalement, à la manière d’un Amin Maalouf qui, dans Les Croisades vues par les Arabes[9], offre un récit à partir d’un point de vue manifestement oriental, arabe ou maghrébin, le récit d’un homme, au confluent des cultures, qui fait découvrir quelques-uns des aspects les plus profonds du regard que les peuples arabes portent sur l’Europe.
Aussi peut-on lire, dans le roman de Laroui, l’affrontement entre le récit des vaincus, des domptés, des humiliés et des dépossédés, les Arabes, décrit ainsi : « Dans le récit arabe, “une nation a solennellement promis à une autre le territoire d’une troisième.” (Koestler) »[10], et le récit occidental, vainqueur et spoliateur, présenté ainsi : « Dans le récit européen, la lettre de Balfour allait permettre un miracle moderne, la résurrection d’Israël après les horreurs de la Seconde Guerre mondiale, après la destruction des Juifs d’Europe ‒…par des Européens. (Hilberg) »[11]
Revenir à l’Histoire, c’est donc accepter de prendre en considération les nuances des différentes versions, c’est aussi le fait d’accepter de reconnaître qu’il n’y a pas de prétendue neutralité dans l’interprétation des faits historiques : « l’Histoire ? au singulier ? Y en aurait-il une seule ?…un seul récit du monde ? Et si nos malheurs venaient de l’emploi de cet article mutilé et qui ment ? […] L’Histoire… (La nôtre ou la vôtre ?) »[12] Si nous présumons qu’il y a au moins deux aires géographiques distinctes, il doit forcément y avoir deux versions, si ce n’est plusieurs, à l’égard de la perception de l’Histoire : « […] quel est le “bon” récit ? ‒ Qui a tort ? ‒ Qui a raison ? »[13], s’interroge le narrateur du roman. Le texte soulève un certain nombre d’interrogations autour de l’Histoire supposée universelle. Cette Histoire qui devait s’imposer à tous se révèle problématique : elle est sujette à débat, car elle n’est pas une, univoque, mais plurielle. Elle puise sa véracité dans le cadre d’un groupe ou encore d’un imaginaire, voire d’une aire culturelle. Dès lors, la question de la vérité s’impose d’elle-même à tous. Elle doit même interpeller tout individu sensé, car les enjeux entre vérité et mensonge sont si multiples que la vérité devient plurielle : « ‒ Mais qui a raison ? […] Mais personne n’a raison ! Tout le monde a raison ! »[14] Or, c’est à ce travail de relativisme du récit de l’Histoire que nous invite l’œuvre. En outre, sur le plan textuel, le relativisme est aussi présent. En effet, des procédés narratifs, tels que l’usage de voix multiples racontant le parcours tragique d’Ali, le terroriste, présentent le récit selon des perspectives différentes, les égalise en donnant à lire les événements fictionnels et historiques sous plusieurs angles.
L’œuvre de Laroui défend la même idée selon laquelle l’Histoire et ses trahisons représentent la cause principale de ce basculement menant à la violence, comme l’illustre l’extrait suivant : « Savent-ils, Ali et Malika, et Claire et Brahim, que ce sont eux qui devront payer le prix, au début d’un autre siècle, le prix de ces trahisons, de ces mensonges, de ces malentendus ? »[18] Ces personnages ont hérité, malgré eux, d’un passé dont ils ne sont pas responsables et qui fait que certains d’entre eux, notamment les individus d’origine arabe résidant en Occident, sombrent dans la violence, payant ainsi le prix des incompréhensions de l’Histoire. Par ailleurs, les ravages plus contemporains des deux guerres du Golfe ont contribué davantage encore au basculement dans la radicalisation. C’est ce que dévoile un passage qui met en scène un imam recruteur dans le roman :
L’imam avait été ingénieur, dans une autre vie, dûment diplômé, généreusement salarié au ministère des Travaux publics à Bagdad, sous Saddam, il avait un bel appartement, une voiture, un plan de carrière… Et puis les Américains étaient arrivés, en 2003, ç’avait été violent, brutal, et sur les décombres fumants d’un certain Paul Bremer, dont il n’avait jamais entendu parler, fut chargé d’édifier un autre pays. On l’avait « épuré », lui le sunnite, membre du Baath comme cent mille autres. […] et puis ultime métamorphose, il s’était laissé pousser la barbe et était venu faire allégeance au calife, n’ayant plus rien à perdre.[19]
Ainsi, l’ensemble de ces frustrations historiques mène, dans la logique narrative du roman, à la radicalisation, ce « processus par lequel un individu ou un groupe adopte une forme violente d’action, directement liée à une idéologie extrémiste à contenu politique, social ou religieux qui conteste l’ordre établi sur le plan politique, social ou culturel »[20]. En effet, lorsque le personnage du roman, Ali, un jeune ingénieur franco-marocain promis à une brillante carrière, est évincé d’un projet important par des clients américains en raison de sa bi-nationalité, il va se sentir humilié, réalisant que la discrimination dont il est victime provient uniquement de ses origines arabes. Il est encouragé dans cette auto-victimisation par son cousin qui lui martèle : « ‒ Tu vois, Ali, je te l’ai toujours dit : on ne sera jamais vraiment acceptés ici. Ma kay-hemlounach (Trad. Ils ne nous aiment pas) »[21]. Ali va se refermer sur lui-même, prenant cela comme une injustice, basculant ainsi dans la dépression, puis dans le fanatisme religieux lequel est comparé par Voltaire à une maladie incurable : « Le fanatisme est à la superstition ce que le transport est à la fièvre, ce que la rage est à la colère. Celui qui a des extases, des visions, qui prend des songes pour des réalités, et ses imaginations pour des prophéties, est un enthousiaste ; celui qui soutient sa folie par le meurtre est un fanatique. […] »[22] Le roman tente de comprendre la désorientation de la nouvelle génération de musulmans en esquissant le parcours tragique d’un protagoniste qui illustre la prédisposition de ces jeunes au glissement, d’une posture mesurée à une tournure déraisonnée. Cette désorientation se reflète d’abord dans le récit qui entremêle passé et présent : des Croisades, nous passons à l’Histoire du début du siècle, puis à l’acte terroriste du Bataclan en 2015. Elle se produit ensuite sur le plan de l’espace : de Paris à Munich, ensuite à Istanbul, puis vers le nord de la Syrie, nous suivons les tribulations du personnage. Cette désorientation (ces jeunes ont perdu à la fois leur Orient et leur Occident[23]) serait due, selon le texte, à la « mélancolie » du monde arabe actuel. « Pris dans l’étau d’un rêve orgueilleux de grandeur, plongeant ses racines dans un brillant Moyen Âge défunt, rêve désormais inaccessible, confronté à un présent sociopolitique médiocre, fait de mauvaise gouvernance, de disproportion abyssale des richesses, de corruption, d’impuissance politique, ce monde-là ne peut que sombrer dans la désespérance et la mélancolie. »[24] Cette mélancolie arabe, cette atmosphère de remords et de regrets seraient donc liés à une nostalgie due à l’ancien rayonnement des Arabes, à un âge d’or qu’ils n’auront de cesse de pleurer. Mais, cette mélancolie arabe est aussi celle de la grande famille humaine qui « aura tout essayé en vain : le nationalisme, le socialisme, la dictature militaire, la religion enfin. Pour revenir toujours au point de départ… »[25]
Désorientés, les jeunes musulmans d’Occident se sentent étrangers dans leurs pays : « quand est-on vraiment étranger dans un pays ? […] c’est quand on ne fait pas partie du récit national. »[26] Le sentiment d’étrangeté est donc, dans la pensée de Laroui, en relation étroite avec le récit national, avec le nationalisme et avec la nation qui est, par ailleurs, inséparable de la notion d’origine, d’où son sens étymologique, à savoir : « ensemble d’êtres humains caractérisé par une communauté d’origine, de langue, de culture, etc. »[27] Cependant, le terme de « nation » a tellement évolué au cours des siècles sous l’effet des vagues migratoires qu’il devient difficile de rattacher le terme au concept d’origine. Du fait que ces individus se retrouvent acculés à leur identité originelle ou à celle de leurs parents, ils se retrouvent aisément en mal d’identité.
En fin de compte, il est possible de dire que les éléments historiques donnés dans l’œuvre contribuent d’une façon significative à la construction de la pensée de l’individu arabe postcolonial. Le roman montre que la violence caractéristique du monde contemporain serait la conséquence des temps passés, ce qui fut expliqué par l’historien Rodinson, d’où le recours de Laroui à l’Histoire pour faire comprendre ces phénomènes de la violence et essayer de lutter contre leur propagation.
La solution du roman : une Histoire non eurocentrique
Chemin faisant, l’œuvre en vient à proposer des solutions. Le roman suggère ainsi que l’on fasse entrer dans le récit national français des éléments de l’Histoire arabe pour que les Français d’origine arabe ou ayant des noms à consonance arabe aient une forte estime d’eux-mêmes, se sentent Français, et se reconnaissent dans le roman national français. C’est ce que met de l’avant l’extrait suivant : « “On attribue l’invention de la camera obscura à Ibn el-Haytam (965-1039), scientifique arabe, père de l’optique moderne, d’après son Traité d’optique.” Bon sang ! Et on ne t’en parle pas au collège Jacques-Prévert, on ne t’en a jamais pipé mot au lycée Georges-Brassens ! »[28] Ce n’est qu’un exemple donné de cette proposition formulée dans le roman, mais le chapitre 26 abonde d’exemples de cette nature où il est question d’inventions des savants arabes qu’il faudrait insérer dans le récit national français pour pouvoir régler ce problème de manque d’estime de soi et de tiraillement entre deux univers, lequel constitue un mécanisme propice au basculement dans la violence des individus tiraillés entre un monde arabe et un autre occidental. Le roman évoque longuement les tourments des enfants d’immigrés dont les ancêtres sont absents des programmes scolaires : « Le vrai problème, ce sont les p’tits gars de banlieue, les petits Rachid, Mamadou et Fatima qui sont nés et ont grandi ici…Ils n’ont pas le choix, eux. S’ils ne se reconnaissent pas dans le roman national, ils sont où ? Ils sont qui ? »[29]
De surcroît, Laroui voudrait que les Français d’origine arabe puissent ne pas considérer le mot « arabe » comme un handicap. Bien au contraire, ils devraient en être fiers : « Et dire qu’il fut un temps où c’était un motif de fierté, de se dire “arabe” »[30]. Pour ce faire, il s’agit de réhabiliter tous ces penseurs arabo-musulmans dont les œuvres ont tracé une belle route pour la pensée européenne moderne : « ‒ J’ai envie de leur dire : vous avez vu l’Alhambra, à Grenade, la grande mosquée de Cordoue, les palais de Marrakech ? Ça c’est du travail d’Arabe… »[31].
L’enseignement de la civilisation arabe proposé dans l’œuvre, c’est-à-dire le fait pour l’Occident de s’ouvrir, dans ses programmes pédagogiques, à la culture arabe, est, selon l’auteur, la meilleure voie pour promouvoir le dialogue entre les civilisations plutôt que le choc des civilisations.
Prendre en considération le récit arabe dans la construction du récit national français serait ainsi, selon le roman, une solution adéquate pour mettre fin aux velléités sanguinaires des fous d’Allah. Cela permettrait de mettre en place un dialogue profitable pour toutes les parties, un dialogue platonicien qui promeut le fait que la médiation et le dialogue sont les seuls à être en mesure de nous faire dépasser les opinions personnelles pour nous faire accéder à l’universel.
Cependant, l’auteur met en évidence la possibilité de continuer à célébrer la vie en dépit des barbaries commises par les terroristes. Le dernier chapitre du roman s’intitule « À la vie », comme pour dire que si nous ne gardons pas notre mode de vie, nous serons, aux yeux des terroristes, des vaincus, ce qui constituera pour eux une victoire : « La vie devait continuer, il ne fallait rien changer à ses habitudes, sinon les terroristes avaient gagné… ».[32]
Aussi pouvons-nous dire, à la suite de l’auteur, que le combat mené par Ali est vain, car il n’a, de sa démission jusqu’à sa mort, aucune échappatoire. Considéré comme un traître aux yeux des terroristes qui l’ont tué lorsqu’il a voulu retourner en France, il est devenu par définition un traître à la France et au monde quand il a choisi de leur tourner le dos et de prendre le chemin de la radicalisation et de la mort. Ses motivations et actions relèvent du nihilisme, du rien, de l’inexplicable ; il mène un combat sans raisons et sans finalité. Le romancier laisse entendre que les Français d’origine arabe devraient plutôt mener des combats par la culture, leurs combats seraient alors utiles. À la barbarie, l’écrivain oppose la culture, la littérature, la vie en fin de compte.
Conclusion
Le roman de Laroui est une exploration des mécanismes qui conduisent à la radicalisation et propose des solutions de lutte contre ce phénomène à la base du terrorisme international, d’où la portée indubitablement didactique de l’œuvre.
Le texte avance l’idée que l’Histoire serait à l’origine de ce fléau ; une Histoire faussement universelle, à la base des différends entre Arabes et Occidentaux. Ainsi, sans pour autant justifier le terrorisme, le roman s’emploie à repérer certaines de ses sources, d’un autre ordre que celles habituellement reconnues par les politologues. Les événements historiques relatés dans le roman donnent à voir et à comprendre comment l’idéologie islamiste est produite et de quelle manière elle est diffusée en France et en Europe en jetant un regard nuancé sur ces faits de manière à faire saisir toute leur complexité. En outre, le roman montre que pour lutter contre ce fléau, une mobilisation culturelle, littéraire et politique s’impose.
En définitive, il ne s’agit nullement de justifier le phénomène terroriste, mais très certainement de montrer comment s’installe et se développe la haine, et, par la suite, de proposer des valeurs qui transcenderaient le conflit entre l’Occident et le monde arabe.
À bien des égards, le romancier acquiert le statut d’auteur engagé, celui qui ne se désengage pas face à ses responsabilités d’intellectuel, celui qui n’écrit pas « des livres […] inutiles »[33].C’est que son œuvre et sa posture d’écrivain véhiculent une pensée littéraire de l’engagement, dans la mesure où, dans les temps actuels, le terrorisme s’impose comme une question d’ordre social, comme ce fût le cas des rapports de classe, des injustices et des inégalités, par le passé. Comme tous les écrivains qui s’engagent, explicitement ou implicitement, par leurs œuvres, dans les affaires sociales, Laroui expose au grand public un des plus grands problèmes du moment, et ce dans le but d’engendrer une transformation. De ce fait, l’écrivain, en s’emparant du réel et en refusant de couper la littérature du monde qui l’entoure, montre que la littérature appartient à l’Histoire, à la société, aux idéologies. Plus les sociétés ont été historiquement bouleversées, et plus les intellectuels ont eu à jouer un rôle spirituel et social.
Sanae El Ouardirhi est enseignante-chercheuse au Département de Langue et de Littérature Françaises de la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines-Kénitra (Université Ibn Tofail). Elle a produit diverses publications sur plusieurs auteurs : Amin Maalouf, Tayeb Salih, Maïssa Bey, Fouad Laroui, Abdellah Taïa, Rachid O., Kamel Daoud, Gauz, Kebir Ammi, Mohamed Ennaji, Nina Bouraoui, … Découvrez ses publications récentes : « Fikria, une Emma Bovary maghrébine », Revue Inter-textes, Numéro 19, Thessalonique, septembre 2019, dossier sous le titre « Des écrits de femmes enterrés », Actes du Colloque International à la mémoire d’Assia Djebar, Thessalonique, 8 et 9 mars 2018, p. 83-93. http://dia-keimena.frl.auth.gr/index.php/fr/volumes-fr/numero-19-2019; « Plaidoyer pour la liberté de la femme dans L’obélisque du Calife de Mohamed Ennaji », Autres plumes littéraires d’expression française au Maroc, dir. Rabia Redouane, Paris, L’Harmattan, Coll. Autour des textes maghrébins, 2019, p. 123-132.
Bibliographie
Corpus
Fouad Laroui, Ce vain combat que tu livres au monde, Paris, Julliard, 2016.
Ouvrages consultés
CNRTL (Centre national des ressources textuelles et lexicales), www.cnrtl.fr, “Nation”, dans www.cnrtl.fr, https://www.cnrtl.fr/etymologie/nation.
HUGO, Victor, Préface Les Misérables, Hauteville-House, 1er janvier 1862.
KHOSROKHAVAR, Farhad, Radicalisation, Paris, Maison des Sciences de l’Homme, coll. « Interventions », 2014.
LAROUI, Fouad, De l’islamisme ; une réfutation personnelle du totalitarisme religieux, Paris, Robert Laffont, 2006.
MAALOUF, Amin, Les Croisades vues par les Arabes, Paris, J.C Lattès, 1983.
RICŒUR, Paul, Histoire et vérité, Paris, Seuil.
RODINSON, Maxime, Les Arabes, Paris, PUF, 1979.
SALMON, Jean, Dictionnaire de droit international public, Bruxelles, Bruylant, 2001, sub verbo « terrorisme international ».
VOLTAIRE, « Fanatisme », Dictionnaire philosophique, 1764.
Notes
[1] Fouad Laroui, Ce vain combat que tu livres au monde, Paris, Julliard, 2016. Ce roman a valu à l’auteur le prix des lycéens au Liban.
[2] Fouad Laroui, De l’islamisme. Une réfutation personnelle du totalitarisme religieux, Paris, Robert Laffont, 2006.
[3] Ibid., p. 11.
[4] Fouad Laroui, L’insoumise de la Porte de Flandre, Paris, Julliard, 2016.
[5] Ce qui vient d’être dit ici est une sorte de synthèse du point de vue exposé dans le roman. Pour mieux illustrer ce tiraillement, ce sentiment d’étrangéité, il y a ces phrases du roman : « […] tu es étranger ici ! C’est un fait, c’est indéniable. […] On n’est pas les enfants de Michu. » (Ce vain combat que tu livres au monde, op.cit., p. 141).
[6] Fouad Laroui, Ce vain combat que tu livres au monde, op.cit., p. 193 et p. 212.
[7] Ibid., p. 23.
[8] Paul Ricœur, Histoire et vérité, Paris, Seuil, p. 31.
[9] Amin Maalouf, Les Croisades vues par les Arabes, Paris, J.C Lattès, 1983.
[10] Fouad Laroui, Ce vain combat que tu livres au monde, op.cit., p. 42
[11] Ibid.
[12] Ibid., p. 11.
[13] Ibid., p. 43.
[14] Ibid., p. 38.
[15] Ibid., p. 35.
[16] Maxime Rodinson, Les Arabes, Paris, PUF, 1979, p. 96.
[17] Institut du Monde arabe, Février 2016.
[18] Fouad Laroui, Ce vain combat que tu livres au monde, op.cit., p. 44.
[19] Ibid., p. 206.
[20] Farhad Khosrokhavar, Radicalisation, Paris, Maison des Sciences de l’Homme, coll. « Interventions, 2014, p. 8.
[21] Fouad Laroui, Ce vain combat que tu livres au monde, op.cit., p. 104.
[22] Voltaire, “Fanatisme”, Dictionnaire philosophique, 1764.
[23] Au sujet de perte de l’Orient et de l’Occident, l’histoire d’Ali l’illustre clairement. En effet, Ali va partir pour s’engager dans le jihad en Syrie. Cependant, de désillusion en désillusion, il finira par ouvrir les yeux à la suite des attentats de Paris. En tentant de fuir, il sera assassiné parce que considéré comme un traître « à la cause ».
[24] Gérard Haddad, « Mélancolie des peuples », La Revue n° 59-60, janvier-février 2016, dans Fouad Laroui, Ce vain combat que tu livres au monde, op.cit., p. 213.
[25] Ibid.
[26] Ibid., p. 141.
[27] CNRTL (Centre national des ressources textuelles et lexicales), www.cnrtl.fr, « Nation », dans www.cnrtl.fr, https://www.cnrtl.fr/etymologie/nation. Page consultée le 21 juillet 2019.
[28] Fouad Laroui, Ce vain combat que tu livres au monde, op.cit., p. 148.
[29] Ibid., p.143.
[30] Ibid., p.63.
[31] Ibid.
[32] Ibid., p. 266.
[33] Victor Hugo, Préface Les Misérables, Hauteville-House, 1er janvier 1862.