Olivier Schefer est philosophe et maître de conférences en esthétique à l’Université Paris I (Panthéon-Sorbonne). Il est spécialiste de l’œuvre de Novalis, qu’il a étudiée, traduite et dont il propose une approche nouvelle en se posant en faux contre le « mythe Novalis ». Olivier Schefer œuvre présentement au troisième volet de sa trilogie Variations nocturnes, dont les deux premiers tomes, Variations nocturnes et Des revenants : corps, lieux et images, ont respectivement été publiés en 2008 et2009. Dans ces ouvrages, il traite aussi bien de littérature et de peinture que de cinéma, sous le signe de l’esthétique.
La littérature peut changer le monde, sans effleurer la réalité.
On dira que la littérature ne change que nos représentations, nos images, et non les choses elles-mêmes. Mais ces choses sont des signes, coordonnés dans un monde. Et c’est en changeant les images qu’on modifie les choses, puisque nous naissons et mourrons dans le langage. Jamais contemporains de notre naissance « réelle », nous avons appris à croire des récits, des histoires, des fictions qui sont de la vie même. Le « pouvoir » de la littérature n’est donc pas la puissance ; l’arrogance des forces économiques et idéologiques. Ceux qui écrivent pour changer les choses frappent la réalité, mais restent hors du monde. La littérature est un non-pouvoir. Écrire, c’est ne rien posséder, à commencer par rien. C’est pourquoi la littérature peut tout avec presque rien.